Entrevue Exclusive Avec Le Député Maka Kotto Print
Written by Patricia Turnier   
Friday, 19 February 2010 14:40

Maka Kotto est originaire du Cameroun, plus spécifiquement de Douala.  Il est né le 7 décembre 1961. Sa mère était comptable et son feu père occupait la fonction de commerçant à Douala.  Maka Kotto a été éduqué au collège jésuite de cette ville.  Il a étudié plus tard en France diverses matières dont le droit, les sciences politiques, l’art dramatique et la réalisation cinématographique. Il est  aussi devenu polyglotte, il parle ainsi le douala, le pongo, le pidgin (créole de l’Afrique de l’Ouest), l’anglais, l’allemand et le français.  À la fin de ses études artistiques à Paris, il a créé une compagnie théâtrale avec laquelle il a réalisé sa première mise en scène:  « Ne m’appelez jamais nègre » de J.A.  Laou.  Il signera après plusieurs mises en scène d’auteurs comme Eugène Ionesco, Marivaux et Tahar Ben Jelloun.  La carrière cinématographique de Kotto a débuté avec le film Marche à l’ombre de Michel Blanc et s’est poursuivie avec de nombreux réalisateurs tels que Claude Lelouch, Michel Poulette, André Mélançon, Robert Favreau et Dany Laferrière.  Maka Kotto a joué dans de grands films tels que Lumumba du notable réalisateur haïtien Raoul Peck.  Ce long métrage a été louangé entre autres par les magazines américains People et Time.  En 2006, Maka Kotto a tourné dans son dernier film Un dimanche à Kigali acclamé par la critique.  Ce long métrage de Robert Favreau est basé sur le roman devenu best-seller international (traduit en plus de vingt langues) de Gil Courtemanche.  Le film a remporté six prix Jutra en 2007, un prix Génie en 2007 et un prix d’interprétation féminine au Maroc en 2006.  Il importe de noter que les prestations théâtrales de Maka Kotto ont été remarquées au Québec plus spécifiquement au théâtre du Rideau vert et au théâtre du Nouveau monde.

Maka Kotto a été porte-parole de l’organisation non gouvernementale Développement et Paix, parrain du festival Vues d’Afrique, animateur de La Semaine d’actions contre le racisme, porte-parole de Laféminité.com et président du conseil d’administration de l’organisme Micro-Recyc-Coopération.  Ici comme à l’étranger, monsieur Kotto cherche à repousser les frontières de l’intolérance, des inégalités sociales, des préjugés et des injustices de toutes sortes par le canal de différentes voies.   À cet égard, multidisciplinaire, Maka Kotto porte plusieurs chapeaux:  acteur, comédien, homme politique, poète, etc.  Membre de l’Union des artistes, de la Ligue des droits et libertés, du Conseil de la souveraineté du Québec, de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, du Parti Québécois et du Bloc Québécois, il a opté pour l’engagement dans l’action politique afin de concilier ses idéaux de justice sociale, de solidarité et de liberté. Dans cette perspective, le 28 juin 2004, il est devenu député du Bloc Québécois de la circonscription de Saint-Lambert aux élections fédérales. Il a été le premier souverainiste d’origine africaine à s’être fait élire au Parlement d’Ottawa. Il est devenu un critique du Bloc Québécois en matière de patrimoine et a été nommé vice-président du Comité permanent du patrimoine canadien.

Maka Kotto occupe actuellement la fonction de député pour la circonscription provinciale de Bourget pour le Parti Québécois depuis le 12 mai 2008.  Monsieur Kotto est aussi porte-parole de l'opposition officielle en matière de culture et communications depuis le 9 janvier 2009.  Sur le plan personnel, Maka Kotto est le conjoint de l'ex-députée bloquiste Caroline St-Hilaire qui brigue actuellement le poste de mairesse pour la ville de Longueuil aux élections municipales [Suite à la présente entrevue, madame St-Hilaire est devenue la première femme mairesse pour la ville de Longueuil suite aux élections municipales du 1er novembre 2009].  Le couple compte six enfants.  Nous avons rencontré monsieur Kotto au bureau de sa circonscription le 31 août 2009.  Propos recueillis par Patricia Turnier, rédactrice en chef de www.megadiversite.com et détentrice d’une maîtrise en droit, LL.M.


Patricia Turnier.  Au cours des dernières années, vous avez occupé de multiples fonctions dans divers domaines dont l’écriture.  Pouquoi cela a été important pour vous de rédiger un livre de poèmes sur les femmes en 2002?

Maka Kotto.  J’ai rédigé ce recueil à l’origine pour rendre hommage à ma mère qui m’a donné cette envie de lui écrire un beau texte.  Cela a représenté les prémisses de cette petite entreprise.  Par la suite, de digression en digression, je me suis mis à parler de toutes les femmes combattantes, les connues et moins connues quel que soit leur milieu socio-économique.  Toutefois, j’ai mené ce projet d’écriture sans développer une approche documentaire.  J’ai évoqué ce qu’elles souhaitent livrer comme luttes quel que soit leur milieu et nonobstant leurs sphères d’activités professionnelles.  Cela a donné un recueil de 95 pages.  L’éditeur a souhaité voir des couples dans mes poèmes ce qui m’a amené à réviser et à en trouver.  Divers thèmes sont donc abordés :  la rupture, etc.  Cependant, au début je souhaitais axer ma démarche sur le genre féminin notamment en faisant un hommage à maman.  Il s’agissait d’ailleurs du premier titre que j’avais retenu.

P.T.  Tous vos poèmes sont touchants et il a été difficile de faire un choix arrêté sur deux poésies:  parlez-nous de  La cordée et La danse de la vie.


M.K.  Ce qui inspire la cordée est cette suite temporelle dans laquelle s’inscrivent les femmes qui se battent ici et ailleurs.  Au fait, j’évoque autant leurs combats que leurs victoires.  J’aborde également la nouvelle génération de femmes qui prennent à leur tour le relais pour continuer les luttes tout en faisant leur place quel que soit encore une fois leur milieu culturel (en Afrique, en Amérique latine, en Europe), social ou autre.  Il s’agit d’une image que je dépeins.  Il est difficile de parler de la poésie à l’état pur même si la réalité l’inspire parce qu’il est question davantage du cœur qui s’exprime et qui s’accorde avec l’imaginaire des lecteurs.  Il faut laisser cette marge de manœuvre aux gens qui lisent.  Cela représente une richesse lorsque les lecteurs apportent une interprétation nouvelle qui n’avait même pas effleuré l’esprit de l’auteur.  Pour cette raison, je suis féru de l’approche poétique.  Un recueil de poèmes possède la capacité de créer plusieurs fenêtres.  Il existe des gens qui ont été touchés par certains de mes poèmes car cela les rattachait à un pan de leur vie.  D’autres ont eu l’impression que je m’adressais à eux personnellement.  Mon point de départ et mon inspiration demeurent ma mère.  Je me suis basé notamment sur son itinéraire et ses combats.  Plusieurs femmes se sont retrouvées dans la cordée ainsi que dans les autres poèmes de ce recueil autant au niveau micro que macro nonobstant leur âge. 

P.T.  On a l’impression parfois que certains auteurs écrivent pour eux-mêmes en empruntant un langage docte et hermétique.  Certains écrivains utiliseront même des néologismes.  Votre recueil de poèmes est très bien écrit et en même temps accessible au grand public.  S’agissait-il d’un acte volontaire?


M.K.  Oui parce que je ne suis pas tourné vers moi mais vers les autres, en d’autres mots vers l’extérieur.  Ceci est vrai dans le domaine littéraire et du septième art.  À cet égard, que l’on soit dramaturge, poète, romancier, cinéaste ou scénariste le but consiste à communiquer avec le public de manière accessible.  Il ne s’agit pas d’un exercice d’autosatisfaction empreint de narcissisme ou d’égocentrisme.  Si je prends la parole en public par exemple pour exprimer une idée ou une pensée, je le ferai dans le dessein de rentrer en contact avec l’autre.  À partir du moment où je me mets dans un carcan doté d’une imagerie hermétique, il n’y a pas d’échanges ni de communications possibles.  Ce type de démarche devient complètement stérile à mon sens.  Il existe des gens qui écrivent pour eux-mêmes en utilisant des mots qu’eux seuls comprennent.  Peut-être qu’ils ont un désir inconscient de se prouver des choses.

P.T.  Quelle fut la réaction du public concernant votre recueil?


M.K.  Ceux qui m’en ont parlé ne m’ont dit que du bien.  Les commentaires que j’ai reçus proviennent notamment des femmes.  Certaines ont été touchées et bouleversées par le recueil.  Il s’agit de la force de la poésie.  Le travail sculptural du texte est fait avec des mots que j’ai choisis par leur puissance, leur souffle et leur capacité de faire rêver.  Ils permettent d’inspirer les lecteurs.  J’ai très rarement reçu des critiques négatives.  Certains hommes ont trouvé que j’ai peu parlé d’eux (rires) mais ce n’était pas le but de ma démarche.  C’est la seule chose qu’on m’a gentiment reproché.

P.T.  Nous savons que la cause des femmes vous tient à cœur.  Pauline Marois est le chef de votre parti.  Elle est devenue la troisième femme, chef de l’opposition officielle au Québec.  Elle a été également la troisième femme vice-première ministre du Québec et la première femme au XXIème siècle à occuper cette fonction dans la Belle Province.  Croyez-vous que dans les prochaines années, il sera possible de voir une femme devenir Première ministre au Québec?  Pensez-vous que le plafond de verre finira par se briser?

M.K.  La dernière élection américaine avec Barack Obama m’a fait penser que tout est possible à force de persévérance et de détermination.  On doit cependant considérer le milieu culturel environnant.  Aujourd’hui, on peut croire avoir affaire à un exercice incisif qui est pourtant susceptible de devenir une réalité de demain.  Cet espoir a été concrétisé en Allemagne avec Angela Merkel.  En Israël, on a eu Golda Meir (qui a inspiré beaucoup de femmes), Ellen Johnson Sirleaf au Libéria.  Au Chili, nous avons la pédiatre Michelle Bachelet comme Présidente de la République.  La première femme de l’histoire contemporaine à occuper le poste de Premier ministre dans un pays a été Sirimavo Bandaranaike au Sri Lanka en 1960.  Nous avons également assisté à l’élection d’Indira Gandhi élue en Inde en 1967.  Toutes ces femmes constituent des exemples.  Alors, pourquoi pas au Québec?  À partir du moment où il y en aura une, la porte s’ouvrira aux autres.  Le moment venu, il importera que la pionnière fasse en sorte de préparer le terrain à celles qui suivront.  La porte devra rester ouverte pour les autres.

P.T.  C’est beau et bien dit.


M.K.  On revient à la cordée.

P.T.  Pouvez-vous nous décrire vos principales fonctions en tant que vice-président de la Commission de la culture et quels sont vos dossiers prioritaires?

[Depuis le 15 septembre 2009 monsieur Kotto a été affecté à d’autres fonctions à savoir qu’il a été nommé vice-président de la Commission des relations avec les citoyens. Ce mandat consiste à s’occuper entre autres des projets de loi en lien avec les communautés culturelles (ex. le projet de loi 16), l’immigration, la condition féminine, la famille, les aînés, la jeunesse et la protection des consommateurs]

M.K.  En tant que vice-président de la Commission de la culture, je travaille en étroite collaboration avec le président et l’exécutif  où l’on détermine l’agenda de la Commission en proposant les enjeux que l’on doit débattre.  Nous discutons entre autres des projets de loi avec les témoins que nous convoquons.  En l’occurrence, il s’agit d’une étape importante si l’on s’appuie sur le dernier projet de loi débattu.  Je fais référence dans cette législature au projet de loi 32 devenu la loi 32.  Il s’agissait d’intégrer les techniciens cinématographiques de télévision sous le parapluie de la loi sur le statut de l’artiste.  Ceci leur permet d’accéder à des avantages dont ils ne bénéficiaient pas.  À cet égard, nous avons dû faire venir des témoins syndicaux du milieu de la musique, du théâtre, etc.  Ainsi, nous faisons des débats sur ces points.  De cette façon, on organise des activités internes à la Commission dans les moindres détails.  On veille à la bonne marche de cette Commission dans la collégialité absolue.  Nous avons un souci d’objectivité et de transparence.  Il est question d’une enceinte dans laquelle la partisannerie n’a pas sa place.  Ceci donne l’opportunité d’aborder le mieux possible les divers sujets et les projets de loi à débattre.  Les enjeux qui me préoccupent principalement sont la maîtrise d’œuvre en matière de communication du Québec.  Il s’agit d’un champ de compétence où se retrouve le fédéral qui n’a pas un droit de regard eu égard à la constitution de 1867.  On doit rapatrier les pouvoirs au Québec.  Cela donnerait davantage de latitude au Québec afin de penser et planifier ses politiques culturelles étant une société distincte.  Le Québec est grand notamment par ses actions et ses créations.  Tout est défini par les moyens et les orientations pris par le gouvernement fédéral qui ne sont pas toujours en phase avec notre province.  Cela constitue la pierre angulaire de mon investissement dans ce dossier au sein de mon allégeance politique.  La langue représente également un sous-ensemble de mon dossier piloté par mon collègue Pierre Curzi, porte-parole de l’opposition officielle (en matière de culture, de la communication et de la langue).  Le Québec représente environ 2% des Francophones en Amérique (si l’on ne tient pas compte des Antilles françaises).  Montréal représente une grande partie de la population québécoise.  La langue française régresse, par conséquent si nous baissons la garde, il y a lieu de penser que dans quelques générations une bataille initiée par tous ceux qui nous ont précédés sera perdue.  Il faut éviter le phénomène de louisianisation.  A cet égard, ce sont des enjeux très importants.  Les productions théâtrales et cinématographiques représentent des dossiers qui me tiennent à cœur  également.  Au fait, il existe de maints sujets importants par contre les trois morceaux précédemment mentionnés représentent mes chevaux de bataille.

P.T.  Nous savons que la question de la francophonie occupe une place très importante au Québec et à l’intérieur de votre parti.  Comment expliquez-vous le fait que notre société ait dû créer la loi 101 devenue à la fois un acte fondateur de l’affirmation collective québécoise et un acte juridique pour préserver le français et que par exemple aux États-Unis, pays n’ayant aucune langue officielle adoptée au niveau fédéral, il ait été possible d’asseoir l’anglais en première place à l’intérieur des frontières de cette nation et à travers le monde?  Avons-nous saisi tous les paramètres requis pour protéger la langue française?

M.K.  La défense de la langue française est très importante.  On peut expliquer le phénomène que vous décrivez en partie par le poids démographique qui n’est pas le même au Québec comparativement aux Etats-Unis.   Il s’agit d’un facteur non négligeable.  Personnellement, lorsque je vivais à l’extérieur je pensais que tout le monde parlait anglais au Canada.  La perception de cette situation est donc importante et je crois qu’un bon nombre d’immigrants allophones partagent cette vision.  J’ajouterais que le milieu anglophone est beaucoup plus imposant à travers le monde et a bien su jouer ses cartes  en utilisant notamment les médias qui sont très attrayants pour véhiculer leur culture.  À travers la planète, l’anglais possède une capacité de pénétration considérable particulièrement via sa production cinématographique, télévisuelle et musicale.

P.T.  Pourtant le cinéma a commencé en France grâce à Louis Lumière à Paris à la fin du XIXème siècle.


M.K.  Tout à fait.  Cependant, les Américains ont su répandre mondialement leur culture et ce contexte crée une situation où les gens sont portés à aller du côté de la langue majoritaire.  Durant ma jeunesse, au Cameroun j’étais fasciné en regardant les films classiques de Sidney Poitier, Jim Brown, etc (rires).  J’adorais la musique de Motown avec entre autres Stevie Wonder, les Jackson Five, les Supremes.  La culture américaine sait présenter des modèles séduisants en employant la force de l’image.  Elle sait se vendre et elle a les moyens.  La France a eu son moment particulièrement durant le siècle des lumières au XVIIIème siècle.  À cet égard, la francophonie doit reconquérir ce statut culturel.  Nous avons une offensive à mener.  Le Québec a ainsi un rôle très important à jouer dans la francophonie.

P.T.  Dans certaines parties du monde telles que la Thaïlande, il est hautement bien vu par la royauté de maîtriser la langue française.  Dans la langue anglaise,  le français est la langue la plus présente à l’exception du latin.

M.K.  Certainement.

P.T.  Comment voyez-vous votre engagement en tant que député dans la préservation de la langue française en Amérique?  À cet égard, la profession d’auteur fait-elle partie d’une des tribunes que vous utilisez?

M.K.  La langue française représente un héritage pour moi.  Elle occupe un rôle très important dans ma vie personnelle et professionnelle.  Sur le plan humaniste, je me dois de faire ma part parce que les francophones m’ont accueilli.  J’ai choisi de m’exprimer en français et de défendre cette langue qui est fragile en Amérique.  Il importe de préserver cette écologie linguistique en assurant sa survie tout en transmettant le flambeau aux générations futures.  En ce qui me concerne, l’écriture et la politique représentent des tribunes que je me suis données.

P.T.  Quelles sont les principales causes de votre circonscription que vous souhaitez défendre en tant que député péquiste et que vous amenez auprès des autres parlementaires de l’Assemblée Nationale?

M.K.  Votre question est très pertinente.  Nous menons plusieurs dossiers de front en collaborant notamment avec les organismes communautaires, les élus municipaux, les gens d’affaires et les concitoyens de Bourget afin de faire face aux divers importants enjeux.  Pour commencer, je me bats pour la question des médecins de famille.  Il faut que les citoyens québécois aient plus facilement accès aux omnipraticiens.  Dans cette perspective, nous regardons comment nous devons implanter concrètement le réseau des Groupes de médecine familiale.  Nous visons l’élargissement des heures d’ouverture des cliniques médicales et des CLSC afin de favoriser l’accès.  Nous accordons aussi une attention particulière aux gens du troisième âge.  Il faut investir davantage dans les soins et le soutien à domicile.  On doit adopter des règles fiscales afin de soutenir les aidants naturels.  Nous visons à valoriser les personnes âgées en favorisant particulièrement leur participation à la vie communautaire et en attribuant des prix pour souligner leur implication dans la société.  On s’intéresse au problème de certaines institutions bancaires qui ferment car ceci oblige les aînés à se déplacer encore plus loin. 

Ensuite, la question du soutien aux personnes les plus démunies représente un autre dossier important.  Nous prospectons comment nous pouvons soutenir les familles les plus défavorisées en luttant contre la pauvreté sous toutes ses formes.  Afin d’aider les familles et les jeunes, nous cherchons à introduire une allocation de soutien à la rentrée scolaire. Nous voulons s’assurer que chaque enfant obtienne sa place dans un service de garde.  Il faut également mobiliser la communauté contre le décrochage scolaire. 

Nous voyons comment faciliter l’accès à la propriété pour les familles.  Il importe aussi pour notre parti d’augmenter le nombre de logements sociaux. En tant que député, je trouve primordial que les gens demeurent dans un environnement sain.  Je vise donc entre autres à adopter avec le milieu un cadre réglementaire pour assurer la sécurité de la population habitant à proximité de zones industrielles.  Le projet de construction des réservoirs de la compagnie Canterm constitue un exemple.  Il faut créer des mesures afin de favoriser les économies d’énergie particulièrement en matière de chauffage.  Nous cherchons aussi à mettre en place un plan de transport en commun efficient.  Pour soutenir le développement de Bourget, nous voulons construire un Centre récréo-sportif dans Mercier-Est afin d’encourager la pratique d’activités physiques et favoriser de saines habitudes de vie particulièrement chez nos jeunes.  Nous souhaitons enrichir Bourget de nouvelles infrastructures sportives, culturelles et communautaires dans le cadre des développements résidentiels du site Contrecoeur et des Cours Lafontaine. 

Nous voulons nous assurer que le projet de réfection de la rue Notre-Dame trouve l’adhésion de la population parce que le statu quo est inacceptable selon nous.  En résumé, je cherche en tant que député à obtenir un mieux-être pour nos familles, nos aînés, nos jeunes en ce qui a trait à la santé, à l’environnement et au développement économique.

P.T. Que retenez-vous de votre carrière en tant que député jusqu’à présent?

M.K. J’aimerais commencer par dire que je crois indéfectiblement en l’avenir du Québec et je souhaite continuer à apporter ma contribution en ce sens.  Je me suis enrichi artistiquement, culturellement de par mes voyages et mes autres expériences de la vie.  Je souhaite mettre tout cela à profit.  On éprouve beaucoup de joie lorsque l’on arrive à régler les dossiers des gens, des familles, etc.  C’est ce que je retiens le plus de ma carrière en tant que député.  Recevoir des remerciements représente la meilleure gratification.  Je considère la politique comme un sacerdoce.  J’ai fréquenté un pensionnat appartenant à des jésuites au Cameroun.  Dans cette perspective, depuis mon très jeune âge j’ai été empreint de la notion de dévouement qu’une vocation exige.  Les dossiers qui me préoccupent le plus en tant que député sont la santé, l’éducation et la culture.  Je retiens de ma carrière politique que ce dernier dossier arrive difficilement à avoir une grande place.

P.T.  Pourtant, nous serions probablement une société en meilleure santé, si nous accordions une plus grande place à la culture.


M.K.  Tout à fait.  J’aimerais ajouter que de par mon expérience au palier fédéral, j’ai noté qu’il s’avère plus difficile de rentrer en contact avec ses adversaires en tant que souverainiste.  Ici, au Québec l’ambiance est plus conviviale.  Rétrospectivement, mes dernières années en politique ont été très actives.  J’ai mené cinq campagnes électorales sur une période de cinq ans.  Mon implication en politique m’importe beaucoup.  Cependant, elle ne représente pas une finalité mais un moyen pour défendre des causes.

P.T.  Vous êtes député depuis quelques années.  Est-ce que votre carrière dans le milieu artistique vous manque?

M.K.  Je suis artiste et je mourrai artiste.  Néanmoins, je ne me limiterai jamais.  La politique fait autant partie de ma vie.  Divers domaines dont le théâtre, le cinéma, l’écriture, la scène politique représentent des tribunes que je prends la liberté d’utiliser pour défendre les causes qui m’apparaissent importantes.

P.T.  Avez-vous eu l'occasion de rencontrer des jeunes qui s'autocensuraient en pensant que certaines filières ne leur étaient pas accessibles ?  Si oui, quels conseils leur avez-vous donnés?


M.K.  J’ai effectivement rencontré un certain nombre de jeunes depuis Ottawa.  Il s’agissait surtout des gens formés et diplômés à l’étranger.  Arrivés au Canada, ils ont été refoulés.  Du point de vue de leurs ordres professionnels, ils n’avaient pas le niveau requis pour être fonctionnel sur le marché du travail.  Dans cette perspective, on leur recommandait de se recycler.  Récemment, le journal de Montréal a publié un article traitant d’un enseignant congolais diplômé en physique qui professait à un lycée français au Congo.  Il vit des difficultés pour enseigner ici.  Il a 52 ans et on l’oblige à retourner sur les bancs de l’école.  Je trouve cela révoltant et déplorable.  Il peut se rendre en Ontario et obtenir le niveau requis en quelques mois sinon en une année maximum.  Suite à cela, il sera en mesure de se trouver un emploi.  Pourtant ici, nous manquons d’enseignants de ce calibre.  Malgré tout, j’ai souvent dit qu’il ne faut pas baisser les bras. Il importe de persévérer.  J’ai aussi apporté mon appui à tous ceux qui sont venus me voir. Je peux vous dire que tous les partis sont sensibilisés par cette problématique à l’Assemblée Nationale.  Objectivement, je suis en mesure d’affirmer que le gouvernement en place actuellement bouge sur cette question.  Il ne le fait pas assez rapidement selon moi mais il bouge.  Il y a quelques années on assistait à un immobilisme.  La communauté la plus affectée est celle provenant du Maghreb.  Le taux de chômage est anormalement élevé pour les Arabo-musulmans. Cela se situe autour de 25%.  Cette situation s’est accentuée depuis le 11 septembre 2001 et on sait pourquoi.

P.T.  Vous avez eu l’opportunité d’être député à la fois au niveau fédéral et provincial.  Qu’auriez-vous à dire aux jeunes souhaitant suivre votre trace par rapport à votre expérience au niveau des deux paliers gouvernementaux?  Quels conseils auriez-vous à leur donner?


M.K.  Je souhaite commencer par la personnalité de Nelson Mandela.  Je remercie les curés qui  m’ont enseigné le parcours de cet insigne homme durant ma tendre adolescence.  Au fait, ils nous l’ont imposé comme modèle.  On a tout lu à son sujet lorsque l’on était au collège.  Il importait d’avoir une grande figure historique comme Mandela en tant que modèle d’identification.  Son courage, son stoïcisme, sa détermination, sa persévérance et sa résilience nous ont toujours inspirés.  Tout cela nous a habités à l’aube de la formation de notre psyché.  Lorsque je dis que je suis un homme de cause, c’est pour toutes ces raisons.  Il ne faut pas chercher loin.  Ces paramètres font partie de notre imaginaire.  Nous avons eu le courage par exemple durant notre jeunesse de confronter la tyrannie d’Ahmadou Ahidjo au Cameroun.  On dénonçait particulièrement la corruption et le népotisme en prenant des risques.  On se faisait pourchasser par la police.

P.T.  Décidément, non seulement vous avez fait des films mais votre vie pourrait être l’objet d’un long métrage (rires).

M.K.  Pour revenir à votre question, je considère être mal placé pour donner des conseils.  Je ne suis pas encore assez sage pour cela.  Par contre, je pourrais dire qu’il y a une chose qui doit compter dans le choix de chaque jeune.  Le facteur qui doit être présent dans leurs décisions est la passion.  Il faut être passionné par ce qu’on fait parce que choisir une carrière équivaut à faire un mariage professionnel.  En ce qui me concerne, la politique et les arts représentent des moyens me permettant de m’exprimer et cela me fascine.  Ces domaines donnent l’occasion de défendre des idéaux et des causes.  La passion apporte un grand avantage à savoir que lorsqu’on aime ce que l’on fait, on n’a pas l’impression de travailler.

Concernant les deux paliers gouvernementaux, les jeunes ont la possibilité de s’impliquer en politique si cela les fascine.  Ils peuvent participer à un dossier pour lequel ils éprouvent un vif intérêt.  On apprend en étant sur le terrain.  Il importe d’être très assidu et de ne rien laisser au hasard.  J’ajouterais que le travail du parlementaire est nourri par le contact avec les concitoyens quel que soit le palier gouvernemental (fédéral, provincial ou municipal).  Il ne faut jamais être dans sa bulle en politique.  Le contact avec le public est un incontournable parce que toutes les problématiques sont liées aux citoyens.  Le travail de pédagogie, d’éducation est très important.  On se doit d’expliquer à la population ce qui se passe dans les différents dossiers qu’on pilote.  La proximité est de mise.

Merci monsieur Kotto pour cette riche entrevue!

 

 


Maka Kotto en bref:

Cursus académique

 

  • Baccalauréat, options sciences économiques, lycée Henri-Martin, Saint-Quentin, France (1980)
  • Études de droit à la Faculté de droit de Nanterre, Paris (1981)
  • Études politiques, Institut d’études politiques de Bordeaux, France (1982)
  • Diplômé du Conservatoire libre de cinéma français, Paris (études cinématographiques) (1984)
  • Études en art dramatique, École de l’acteur Florent, Paris (art dramatique) (1984)

Cheminement professionnel

  • Acteur de cinéma et de télévision en Europe, en Afrique, en Asie et au Québec (1984-2004)
  • Comédien de théâtre et d'humour en Europe, en Afrique et au Québec (1984-2004)
  • Metteur en scène de théâtre en Europe, en Afrique et au Québec (1984-1998)
  • Enseignant en art dramatique en France et au Québec (1986-2000)
  • Député de Saint-Lambert à la Chambre des communes du Canada (2004-2008)
  • Porte-parole du Bloc québécois en matière de Patrimoine canadien (2004-2008)
  • Député de Bourget à l'Assemblée nationale du Québec (depuis 2008 et ce, jusqu’à présent)

Engagement communautaire et politique

  • Porte-parole de l'organisme Développement et Paix (1991)
  • Porte-parole du Festival Vues d'Afrique (1998)
  • Auteur de Femme : libre exaltation poétique (2002)
  • Membre de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (depuis 2002)
  • Membre de la commission de la citoyenneté du Bloc Québécois (2002-2004)
  • Candidat du Parti québécois dans la circonscription de Viau (2003)
  • Porte-parole de Laféminité.com (2003)
  • Membre du conseil général du Conseil de la souveraineté (depuis 2003)
  • Coprésident du chantier « Le Québec, un Pays », du Parti québécois (2003-2004)
  • Membre du conseil d'administration de 1, 2, 3, GO! de Saint-Michel (2003-2004)
  • Président du conseil d'administration de Micro-Recyc-Coopération (2003-2004)
  • Porte-parole du Bloc Québécois pour le Patrimoine canadien (2004-2007)
  • Vice-président du Comité permanent pour le Patrimoine canadien à la Chambre des communes du Canada (2004-2007)
  • Porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de relations internationales du 7 août 2008 au 5 novembre 2008
  • Porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de Francophonie du 7 août 2008 au 5 novembre 2008
  • Porte-parole de l'opposition officielle en matière de culture et de communications depuis le 9 janvier 2009
  • Vice-président de la Commission de la culture depuis le 15 janvier 2009
  • Vice-président de la Délégation de l'Assemblée Nationale pour les relations avec les institutions européennes (DANRIE) depuis le 22 avril 2009
  • Membre de la Délégation de l'Assemblée Nationale pour les relations avec l'Assemblée nationale française (DANRANF) depuis le 27 mai 2009

Filmographie

  • 1984 : Marche à l'ombre : Joseph
  • 1984 : L'Amour en douce : François
  • 1986 : Le Complexe du kangourou : Arthur
  • 1987 : La Vieille dame et l'Africain (TV) : Raphaël
  • 1988 : Le Prix du mensonge
  • 1988 : Périgord noir : Youssouf
  • 1988 : Le Funiculaire des anges (TV) : Felix
  • 1989 : Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer : Bouba
  • 1990 : La Nuit du visiteur :  Le visiteur
  • 1990 : La Goutte d'or (TV) : Salah Brahim
  • 1992 : Blanc d'ébène : Lanseye Kante
  • 1993 : À l'heure où les grands fauves vont boire : Yannick
  • 1993 : Ascension Express (TV) : Prosper
  • 1993 : Taxi de nuit : Max
  • 1995 : Between the Devil and the Deep Blue Sea : African sailor
  • 1995 : Lulu roi de France (TV) : Honoré
  • 1996 : Urgence ("Urgence") (série TV)
  • 1996 : Beaumarchais, l'insolent : Cezaire
  • 1997 : Diva (série TV) : Maurice Brisebois
  • 1997 : Maintenant ou jamais (TV) : Grandgosier
  • 1997 : La Conciergerie : Jean Marcheur
  • 1998 : Sucre amer : Privat Danglemont
  • 1999 : Monsieur Naphtali : Male nurse
  • 1999 : Une pour toutes : Le président
  • 2000 : Lumumba : Joseph Kasa Vubu
  • 2000 : Passage du milieu : Narrator
  • 2001 : Voyage à Ouaga : Zao
  • 2001 : Le Ciel sur la tête : Cure Florent
  • 2004 : A Silent Love : André
  • 2004 : Comment conquérir l'Amérique en une nuit :  Fanfan
  • 2004 : Le Goût des jeunes filles :  Papa
  • 2004 : Mémoires affectives : Docteur Ba Kobhio
  • 2005 : Zim and Co. : Père Arthur
  • 2006 : Un dimanche à Kigali : Manu

Livre

  • Kotto, Maka. Femme : libre exaltation poétique. Outremont, Québec : Lanctôt, 2002. (Série : J'aime la poésie 12e) ISBN 2894852134, disponible sur www.amazon.ca