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Critique du livre: Moi Momo PDF Print E-mail
Written by Patricia Turnier   
Wednesday, 22 January 2025 09:57

 

Il s’agit du récit d’un jeune adolescent ivoirien très mature et précoce pour son âge. Il n’était pas non plus influençable. Son histoire peut inspirer les jeunes à travers le monde. Au fait, cet ouvrage est l’un des meilleurs susceptible de stimuler les jeunes. Une grande préparation a été faite pour que Momo quitte son pays d’origine. Un dossier de 200 pages a été requis pour le consulat à titre d’exemple. Momo va au bout de tout ce qu’il entreprend, la rédaction de son livre à un très jeune âge en dit long.

On apprend dans son bouquin les réalités de son pays et de son vécu une fois arrivé en France. Il partage comment il a découvert la France plus particulièrement Paris avec les yeux d’un adolescent. Brillant, il a réussi son bac français à 14 ans. Il importe de noter que durant les premières années de sa vie il ne parlait pas la langue de Molière. Il s’exprimait en dioula. Cela ne l’a pas empêché de devenir le plus jeune bachelier de la France. Ce parcours démontre qu’on peut aller très loin dans la vie grâce à l’autodiscipline, une excellente méthode de travail, un superbe sens de l’organisation, l’optimisme, l’effort, la rigueur, la persévérance, la détermination, le courage (dans le cas de Momo, il était prêt de quitter seul sa terre natale à 13 ans), la confiance en soi (par exemple, lorsque Momo est arrivé en France on lui a conseillé de redoubler puisqu’il était arrivé tardivement durant l’année scolaire ce qu’il a refusé ayant conscience de ses grandes capacités intellectuelles) et la motivation intrinsèque (par exemple, vers ses 13 ans, il apprenait l’allemand et l’anglais). En sus, le jeune auteur avait un grand intérêt pour les études particulièrement les mathématiques; il avait même une passion pour cette matière. À 11 ans, il avait déjà sauté trois classes sans l’assistance d’un professeur particulier idem en France (en revanche, même s’il était autonome, il a reçu un peu d’aide de son beau-frère notamment au niveau de la prise de notes ainsi que les méthodes de classement). Il a également trouvé du temps pour aider d’autres jeunes de son âge dans leurs études. Avec ces qualités, beaucoup de portes peuvent s’ouvrir. D’ailleurs, dans le cas de Momo, la France lui a donné une bourse suite à l’obtention de son bac. À 15 ans, il se préparait pour intégrer une école polytechnique. Momo a eu la chance d’être adéquatement encadré et conseillé. Cet état de fait lui a permis de prendre les bonnes décisions adaptées à ses intérêts académiques qui sont surtout scientifiques. On ne lui mettait pas de pression, on l’encourageait ce qui l’a incité davantage à aller de l’avant. Il arrivait à bien gérer son stress. Il n’était pas nerveux de se préparer pour passer son baccalauréat nonobstant son très jeune âge.

Le jeune n’a pas eu peur du changement à plusieurs niveaux. Lorsqu’il est arrivé en France, il a dû affronter le froid et bien d’autres choses comme l’éloignement du réseau familial. Toutefois, sa sœur aînée et son beau-frère étaient présents pour le soutenir sur la terre d’accueil. Il est intéressant de découvrir ses impressions en tant qu'adolescent immigrant sur le climat, la musique écoutée par les jeunes (on voit par exemple une photo montrant ses amis faire du breakdance sur du hip-hop), la mentalité des gens du pays d'accueil, leurs codes sociaux, etc. Concernant plus précisément ses goûts musicaux, il développe un éventail d’intérêts au niveau de la francophonie comme du Jacques Brel. L’auteur partage les adaptations qu'il a dû faire sur plusieurs plans, son ressenti en tant qu’immigrant et ainsi de suite. Il a écrit comment il s’y est pris pour mieux saisir la société française. À titre d’exemple, il a lu divers auteurs du pays issus de différentes époques.

On apprend dans le livre qu’il n’avait pas de télévision en France idem pour les jeux vidéo qu’il adore. Il en profitait durant ses temps libres chez ses copains mais chez lui il se consacrait surtout aux études. Il prenait au sérieux le fait que sa famille ait fait des sacrifices pour lui. Par conséquent, pour Momo, il n’avait pas le droit de ne pas donner le meilleur de lui-même afin de réussir tout en croyant à la méritocratie et aux opportunités qui pouvaient s’offrir à lui grâce à l’effort (son parcours n’est pas passé inaperçu, une équipe de journalistes est venue le voir pendant son cours de physique car à ce moment il était le plus jeune candidat au baccalauréat en France; vu qu’il n’avait pas de télévision chez lui, il a dû se voir à l’extérieur sur France 2 lorsque la diffusion a eu lieu). Il savait qu’il avait du retard à rattraper. Cela lui a pris uniquement quelques mois pour que ses notes remontent dans l’ensemble des matières particulièrement scientifiques. Grâce à son parcours, dès son jeune âge, il a eu la richesse dans le cadre de ses cours de découvrir l’histoire de l’Afrique et de l’Europe ainsi que les relations internationales depuis 1945.

L’ouvrage se lit rapidement car il est agréable. L’auteur ne se prend pas trop au sérieux et utilise parfois l’humour. Par exemple, dans son livre on retrouve une photo de lui où il est à la télévision et en-dessous il a indiqué: « On dirait bien que c’est moi! ». Il serait intéressant qu’il y ait une réédition pour savoir ce qui s’est passé depuis la publication de son livre au niveau professionnel et personnel. Sa narration représente une leçon de vaillance et d’espoir. Cet ouvrage devrait être traduit en plusieurs langues et adapté au cinéma. Le public aime voir des histoires de jeunes brillants. Par exemple, la critique d’un film la plus lue de notre webmag trilingue est Les mots d’Akeelah: https://www.megadiversite.com/musique-et-dvd/267-akeelah-une-critique-du-film.html.