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Une critique du livre: Détrôner l'enfant-roi |
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Written by Patricia Turnier |
Saturday, 24 May 2025 20:33 |
L’auteur québécois, Germain Duclos, un psychoéducateur analyse comment l’enfant-roi est né dans les sociétés occidentales et quel est le rôle de l’individualisme qui provoque une sorte de contamination sociale chez les jeunes étudiés dans l’ouvrage. Le fait de vivre dans une société favorisant la satisfaction des besoins immédiats ne doit pas aider les enfants-rois qui observent qu’on prône beaucoup cette valeur. Vivre à l’ère numérique a entraîné une baisse de socialisation chez les jeunes qui ont aussi moins d’échanges dans le cadre familial. D’ailleurs, l’auteur traite de cela. Cette situation a évidemment un impact sur les habiletés sociales des enfants. On peut se demander si la disparition des grandes familles nucléaires a favorisé la naissance des enfants-rois en Occident. En sus, le jeunisme ambiant joue-t-il également un rôle? Duclos nous rappelle qu’il n’est pas évident pour les parents de trouver un équilibre entre satisfaire les besoins de l’enfant en autant qu’il n’empiète pas sur ceux des autres. L’auteur nous remémore aussi qu’il est important pour l’enfant de combler ses besoins fondamentaux, mais qu’il n’est pas question de lui accorder tous les droits car il n’aura pas un cadre ni d’interdit, ce qui nuira à son développement pour devenir un citoyen responsable. L’auteur présente les caractéristiques et les principales manifestations des comportements problématiques des enfants-rois. Duclos traite des lacunes dans l’éducation des parents d’enfants-rois tout en proposant des pistes permettant de les corriger. Il expose aussi les erreurs à éviter. Les parents doivent savoir comment décoder la communication verbale et non-verbale de leurs enfants. Il est fort pertinent que Duclos ait traité des facteurs externes qui peuvent avoir un impact sur la façon dont certains parents éduquent leur progéniture: la marginalisation, le statut économique, etc. Par exemple, la précarité est susceptible de faire perdre espoir à certains. Comment aider son enfant à avoir confiance en lui lorsqu’en tant que parent on n’a pas réussi à atteindre ses objectifs professionnels? Des experts ont identifié que le développement et l’augmentation des problèmes de comportement ainsi que de la violence chez les jeunes sont généralement reliés à ces trois facteurs : un manque de discipline, une discipline incohérente et/ou un manque d’engagement de la part des parents. Duclos en parle dans son livre. L’ouvrage est écrit dans un langage accessible et intéressant afin qu’il soit utile pour le grand public. L’auteur sait rendre simple et compréhensible des notions qui peuvent être complexes qu’on retrouve dans la psychanalyse, etc. Duclos fait, dans son ouvrage, une analyse très intéressante concernant l’enfant-roi devenu adulte-roi. Le livre est instructif, à titre d’exemple l’auteur explique la distinction entre l’égocentrisme, l’égoïsme et le narcissisme. Il apporte aussi un éclairage sur la différence entre l’autorité et l’autoritarisme parental, la différenciation entre une discipline répressive et incitative, etc. Dans le bouquin, on retrouve des moyens concrets pour aider les enfants à se responsabiliser: instaurer régulièrement des rituels et des routines, mettre en place des règles de conduite sécurisantes et constantes grâce à une saine discipline. L’auteur présente les facteurs pouvant amener les parents à ne pas poser les limites adéquates chez leurs enfants. Certains préfèrent acheter la paix au lieu de se retrouver dans des confrontations avec leurs jeunes. D’autres ont des conflits non résolus avec leurs propres parents et reproduisent des comportements pas toujours adaptés à ceux dont l’enfant a besoin. Certains refusent des pratiques éducationnelles dont ils ont hérité, et ceci se fera au détriment de leurs enfants. Duclos décrit aussi les parents susceptibles de créer des enfants-rois : ceux qui sont surprotecteurs, etc. Il aurait été bien de connaître la composition familiale des enfants-rois, sont-ils habituellement des enfants uniques ou ont-ils une fratrie? Y a-t’il plus de garçons enfants-rois que de filles ? Ou, est-ce l’inverse? S’il y a plus d’enfants-rois dans l’un des deux sexes, quelles sont les valeurs transmises dans la société provoquant cela? Y avait-il moins d’enfants-rois lorsque les parents avaient de nombreux enfants car ils devaient partager davantage? Le fait d’avoir moins d’enfants provoque-t-il trop d’attention envers la progéniture lui donnant le sentiment que tout lui est dû ? Il aurait été intéressant que l’auteur traite davantage des facteurs favorisant le phénomène de l’enfant-roi: par exemple, les parents ont-ils subi une autorité excessive de leurs propres parents les amenant à devenir laxistes dans l’éducation de leurs enfants ? Ceux-ci ont-ils bénéficié d’une discipline nuisible ou adéquate à leurs personnalités, à leur stade de développement, à leur âge (sachant qu’habituellement l’âge de raison commence à partir de 7 ans) et à leur compréhension ? Il aurait été bien d’explorer si les règles familiales sont appliquées de façon équitable au sein de la fratrie? Vu que nous vivons dans une société favorisant le narcissisme, est-ce que cette situation a permis une plus grande émergence d’enfants-rois ? Ce contexte ambiant a-t-il des effets négatifs sur le développement de la personnalité des enfants ? Le fait qu’on prône la liberté individuelle en Occident a-t-il des répercussions sur les enfants ? La société actuelle a-t-elle des débordements provoquant des conséquences néfastes sur les enfants ? En outre, qu’en est-il des parents qui ont eux-mêmes été des enfants-rois et qui sont devenus des adultes égocentriques ? Quels comportements et traits caractériels dérangeants ont-ils transmis à leurs progénitures ? ¨Peuvent-ils demander à leurs enfants d’apprendre à considérer les autres si eux-mêmes n’y arrivent pas ? Généralement, les enfants observent surtout ce que font les parents et portent moins attention à ce qu’ils disent. Certains imiteront également ces adultes. Il serait donc utile d’en savoir davantage sur les types de parents qu’ont habituellement les enfants-rois. Il aurait aussi été bien que l’auteur propose des solutions permettant de prévenir le phénomène de l’enfant-roi : les adolescents concernés devraient-ils faire du bénévolat afin qu’ils s’impliquent socialement pour comprendre qu’ils ne sont pas le centre du monde (par exemple, on dit qu’en France un jeune sur cinq s’implique dans des organismes visant l’altruisme, qu’en est-il au Québec ou au Canada ?) ? Au Danemark, on enseigne l’empathie dès la petite enfance aux jeunes dans les écoles. Peut-être que si tous les pays s’y mettaient il y aurait moins d’enfants-rois. Quelles sont les mesures concrètes à adopter? Les enfants-rois doivent-ils faire des sports d’équipe pour qu’ils apprennent à fonctionner adéquatement avec leurs pairs ?, etc. Tous ces points pourraient être explorés. Il n’existe pas de manuel d’instruction pour être un bon parent, d’où la difficulté pour certains adultes de bien jouer leurs rôles de pères ou mères. L’être humain est à la fois complexe et unique, le ressenti des enfants est différent dans une fratrie pour un même événement. Les parents ne peuvent appliquer les mêmes stratégies auprès de leurs enfants sans tenir compte de leurs personnalités. Éduquer un enfant représente un art, on ne peut être rigide ni calquer la manière dont on a grandi en l’appliquant bêtement sans réflexion ou sans discernement sur notre propre enfant. Il faut donc faire preuve d’à-propos. Nous vivons dans un monde qui évolue constamment ainsi que rapidement et les stratégies éducatives doivent être adaptées à la réalité de l’enfant, on ne peut se permettre d’être en décalage ou de rester figé dans des méthodes inadéquates. De plus, il doit exister une cohérence et constance dans le couple en ce qui a trait à l’application des règles familiales. D’ailleurs, Duclos a cité l’autrice Sylvie Bourcier qui traite de cela. À mon avis, le rôle de la discipline doit être bien partagé dans le couple car parfois il arrive que ce soit seulement l’un des deux parents qui s’occupent de la discipline et donne l’impression que c’est uniquement lui qui assume ce rôle. Cette situation est susceptible de faire croire à l’enfant que c’est surtout ce parent qui est toujours sur son dos ou qui s’acharne sur lui. Ceci peut créer du ressentiment et détériorer la relation à long terme. L’auteur rappelle que la discipline ne suffit pas pour bien éduquer son enfant. Le parent doit également utiliser l’intelligence émotionnelle qui fait appel notamment à l’attachement, la présence, l’écoute active, l’empathie et la transparence pour aider l’enfant à se maîtriser, à respecter les limites tout en se responsabilisant. Le livre donne la possibilité de servir de guide pour améliorer les compétences parentales. En somme, l’auteur estime qu’il faut être ferme dans l’éducation des enfants tout en maintenant le lien d’attachement. Tout est dans l’équilibre. La rigidité et la coercition sont à éviter. Duclos explique la différence entre l’autorité et l’autoritarisme dans l’éducation des enfants. Son livre s’adresse notamment aux parents qui ont le courage de se remettre en question et sont prêts à faire des ajustements. Ces parents doivent évidemment pouvoir faire preuve d’introspection. On saisit dans le livre que les raisons menant les jeunes à devenir des enfants-rois sont multiples et que les parents doivent trouver les leviers qui amèneront les changements selon la personnalité de leur progéniture. La cohésion, cohérence et consensus parentaux sont inéluctables pour éviter d’avoir des enfants-rois. Les parents doivent aussi voir leurs enfants de façon réaliste car certains n’admettent pas leurs lacunes, d’autres excusent ou minimisent les comportements perturbateurs de leurs enfants qui peuvent créer chez ces derniers un sentiment de toute-puissance. Duclos propose des pistes pour éduquer son enfant de manière bienveillante tout en évitant qu’il ne devienne égocentrique sans égard aux besoins d’autrui. L’auteur n’a pas la prétention de suggérer des recettes miracles ou des formules parfaites. Il ne gomme pas non plus la complexité du phénomène de l’enfant-roi et des difficultés qui en découlent pour le jeune et son entourage. L’auteur a identifié dans son bouquin les causes provoquant le phénomène de l’enfant-roi. À titre d’exemple, des limites familiales chaotiques et qui ne sont donc pas claires créeront des problèmes chez les enfants: un sentiment d’insécurité, etc. Duclos propose d’autres alternatives qu’on peut utiliser comme la conséquence par réparation au lieu de méthodes souvent employées comme la punition. Ce livre peut servir de guide pour de nombreux parents, même ceux qui n’ont pas d’enfants-rois.
Le livre est disponible sur https://www.renaud-bray.com/ et https://www.prologue.ca/ |