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Portrait de la talentueuse documentariste haïtiano-canadienne: Bénita Jacques |
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Written by Patricia Turnier |
Wednesday, 24 September 2025 00:00 |
Bénita Jacques alias Binta Beya Nkuadulendo fait partie de la génération Y. Elle est née en Haïti, à Port-au-Prince. Elle est arrivée au Canada avec sa famille à 13 ans. Dès un très jeune âge, elle a développé une passion pour l’art dramatique, particulièrement le théâtre.
Elle a obtenu son DEC au collège Marie-Victorin dans le programme d’art, lettres et communication. Après, elle a eu un baccalauréat en art dramatique à l’UQÀM en 2013. Elle a suivi d’autres formations et continuera à le faire car elle a compris l’importance de l’auto-développement. Madame Jacques n’a aucune intention de s’asseoir sur ses lauriers.
Au théâtre, elle a joué dans la pièce « Les Fossoyeurs d'une démocratie assassinée » à l’Alliance Théâtrale Haïtienne. Madame Jacques a créé Zen Queen Media Production Inc., une entreprise visant la promotion d'artistes de différents horizons et de donner une plateforme pour le dialogue culturel ainsi que la représentation via la production audiovisuelle. En sus, elle s’implique dans d’autres initiatives comme The Impact of the Arts, une maison de production artistique, et via ses créations: JBSolutions Immobilières & Benita Jetro Foundation.
Madame Jacques a produit un excellent documentaire intitulé L'Afrique, berceau de l'humanité et des civilisations modernes via sa société Zen Queen. Il s’agit de son dernier projet qui peut intéresser les gens âgés de 10 ans et plus, peu importe la culture. Ce qui ressort le plus du documentaire est la diversité de l’apport de l’Afrique au monde. Le titre du film évoque la place influente de la femme au sein de l’histoire de l’humanité. Rappelons que Lucy (qu'on appelle aussi l'Australopithèque) fut la première femme de l'humanité découverte en Éthiopie en 1974. Son squelette date de plus de 3,2 millions d'années.
On couvre dans le documentaire: l’histoire précoloniale de l’Afrique incluant les civilisations et empires du continent1, la Conférence de Berlin du 19ème siècle, les grands cerveaux comme Cheikh Anta Diop, etc. La critique du livre Nations nègres et culture de Diop est l’une des plus lues sur notre webmag. Nos lecteurs seront donc ravis de découvrir le documentaire de madame Jacques car les experts y figurant parlent de Diop.
Des figures marquantes comme la Reine Nzinga du Congo ont été nommées dans le documentaire. Elle représentait un symbole de lutte anticoloniale au 17ème siècle. Elle se trouvait à la tête des royaumes de Ndongo et de Matamba (faisant partie de l'actuel Angola). Pouchkine était noir et on en parle dans le documentaire.
Le ralentissement du développement de l’Afrique est dû à plusieurs facteurs: l’esclavage qui a pris les plus jeunes et les plus forts du continent, le sida, la conférence de Berlin de 1884-1885, le colonialisme (dénoncé à la conférence de Bandung qui a eu lieu en 1955 où les pays non-alignés en Indonésie ont déclaré que l’expansionnisme était obsolète; vers 1957, Kwame Nkrumah voulait créer les États-Unis d’Afrique pour mettre fin à la balkanisation coloniale), le néocolonialisme, la monoculture, les quêtes incessantes des multinationales, la création du modèle économique néolibéral visant à briser le continent africain, comme la mise en place du Franc CFA (considéré comme le vestige de la Françafrique) et de la politique d’ajustement structurel, les forces extérieures empêchant le continent africain de créer l’équivalent de l’euro du continent européen.
![]() Les hiérarchies raciales ont notoirement été conceptualisées par le pseudo-intellectuel Joseph-Arthur de Gobineau avec son ouvrage Essai sur l’inégalité des races humaines datant du 19ème siècle. Il a classé la race noire comme étant la plus subalterne. La diffusion de ces idées est dangereuse car elle a été récupérée par d’autres en position de pouvoir. Par exemple, des politiciens comme Hitler se sont inspirés de son idéologie puisque Gobineau plaçait la race aryenne au niveau supérieur. Il existe cet axiome africain: « lorsqu’on parle contre un Juif, tend l’oreille car cela te concerne aussi ».
On retrouve dans le documentaire des témoignages de gens, l’un d’entre eux montre comment une jeune a malheureusement intériorisé les clichés négatifs véhiculés sur le continent africain lorsqu’elle exprime ses peurs de voir sa mère qui veut voyager en Afrique.
Des beaux endroits et paysages de l’Afrique sont présentés dans le film. L’intelligentsia africaine a été présentée dans ce documentaire tant au niveau des intervenants que des figures citées. Ainsi, des intellectuels ont été interviewés pour le film comme Babacar Diop Buuba et Abdoulaye Racine Senghor. Il s’agit d’un documentaire important notamment en raison de son caractère didactique. Le film devrait être disponible sur diverses plateformes comme Kanopy, Netflix, Amazon Prime Video, tvo.org, ici.tou.tv, BET (y compris BET France), TVOne, Black Star Network, Hulu, Criterion, Tënk, Alexander Street, etc. L’histoire de l’Afrique fait partie intégrante de l’histoire de l’humanité. Le documentaire devrait être présenté dans les écoles et universités.
Le film est vraiment spécial pour madame Jacques car il a été fait à la mémoire de son feu père. Le documentaire représente l’aboutissement de douze années de travail, ce qui est palpable car on constate qu’il y a eu beaucoup de recherches et que rien n’a été laissé au hasard. En d’autres mots, on observe le professionnalisme du documentaire. Dans le film, l’histoire du voyage en Afrique est narrée de façon imagée par moments. Le documentaire rend ses lettres de noblesse à l'Afrique. La narration du film est riche.
Dans le documentaire, on parle de l’importance pour les Noirs de faire un retour vers l’Afrique. Il ne doit pas être forcément physique, il peut être psychologique. D’ailleurs, Malcolm X en parlait. Géographiquement, il a visité plusieurs pays de ce continent, ce qui a renforcé sa vision panafricaniste.
Pour son documentaire, la réalisatrice a aussi consulté les aînés qui sont très respectés en Afrique. Ils ont partagé leurs points de vue. On dit en Afrique que lorsqu’une personne âgée meurt, c’est comme une bibliothèque qui brûle.
Madame Jacques a su bien s’entourer pour son documentaire. Par exemple, Angelo Cadet a été consultant.
Il a été rapporté dans les médias que la réalisatrice a entièrement financé son documentaire. Avec sa détermination, sa patience, sa persévérance et sa ténacité, madame Jacques incarne le proverbe arabe: « Ne baisse pas les bras, tu risquerais de le faire deux secondes avant le miracle ».
« L’AFRIQUE, Berceau de l’humanité et des civilisations modernes » est une œuvre prenante que la Canadienne d’origine haïtienne a présentée le 15 mai 2023 au festival de Cannes au Pavillon Afrique. Le documentaire a également été présenté sur plusieurs continents et dans 35 festivals, par exemple: Eko International Film Festival (Nigeria), PHMA-Prestigious Haitian Music Award (États-Unis), Haiti International Film Festival (États-Unis) Docs Without Borders Film Festival (États-Unis). Le documentaire a voyagé en Amérique latine comme en Bolivie. Le film a aussi été présenté au prestigieux festival des films à Toronto, Tiff (en français, le Festival international du film de Toronto). L’année dernière, pour fêter le 40ième anniversaire du Festival international de cinéma Vues d’Afrique à Montréal, la première canadienne de la présentation du documentaire a eu lieu.
Le synopsis du film concerne l’histoire d’une mère jouée par Bénita Jacques qui souhaite obtenir des réponses sur ses origines ancestrales et la contribution de l’Afrique à l’humanité. La protagoniste dans cette docufiction entame cette démarche pour elle et ses enfants afin qu’ils prennent connaissance de leur héritage socio-culturel. Elle retourne donc aux sources après une mûre réflexion en se rendant à l’Ouest de l’Afrique, plus précisément au Sénégal, le pays de Senghor, Youssou N’Dour et Ousmane Sembène. Elle interroge divers experts au Musée des Civilisations Noires à Dakar pour découvrir et partager l’apport du berceau de l’humanité. Elle fait aussi des liens entre le Sénégal et Haïti lorsqu’elle partage ses réflexions. De cette façon, pour son documentaire, la réalisatrice a utilisé l’angle personnel via son voyage pour narrer à la fois son expérience de vie et tout en interviewant des experts de diverses disciplines.
![]() Madame Jacques vise l’international avec son film. Le documentaire a été traduit en anglais, espagnol et grec. Il est spécial que le film (produit et réalisé par une Haïtienne) ait été traduit en grec car Haïti a été le premier pays au monde à reconnaître officiellement l’indépendance de la Grèce, le 15 janvier 1822 (environ un siècle plus tard, un grand homme est né qui était un fervent soldat de la liberté, le Dr Martin Luther King, le 15 janvier 1929). Le documentaire devrait être sous-titré en créole, wolof, etc.
Dans le présent portrait, nous mettons en relief son dernier projet car son documentaire sur l’Afrique est remarquable et a été acclamé dans diverses parties du monde. Ainsi, le documentaire a remporté plusieurs prix: Regroupement Jeunesse en action (2024), Union fait la force (2024), Toronto Cyrus International Film Festival (2024), Haiti Internation Film Festival (2024), Pan Africain Film International (2024 winner-award), Cannes PanAfrican International Film Festival (2023), Festival de Cinéma Regards sur le Cinéma de Colombie et d’Amérique du Sud (2024), etc.
Le film dénonce l’eurocentrisme enseigné dans les écoles occidentales. Les rares fois où l’on traite des Noirs dans leurs livres, on fait souvent référence à l’esclavage en les présentant comme des victimes passives. Pourtant l’histoire des Noirs est riche et n’a pas commencé avec la servitude. Il serait beaucoup plus utile pour la collectivité de traiter des activistes Noirs et Blancs qui ont contribué à la lutte et à l’abolition de l’esclavage, de la ségrégation et de la colonisation comme John Brown, Medgar Evers, James Chaney, Andrew Goodman et Michael Schwerner, Prudence Crandall, etc. On aborde dans le film: la rétention historique de la contribution du peuple noir, les premières technologies du continent africain ainsi que son apport scientifique, etc.
De nombreux clichés concernant les Noirs ont été créés et développés durant l’esclavage, la colonisation et le néocolonialisme. Cette situation a causé plusieurs fâcheuses conséquences. L’anti-raciste Einstein avait dit qu’il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé. Les représentations culturelles, médiatiques et ainsi de suite jouent un rôle crucial dans les perceptions que les gens ont. Certains n’auront aucun ou très peu de contact avec le groupe visé et se limiteront sur ce qui leur a été présenté dans le paysage audio-visuel.
La mauvaise représentation des Noirs dans les médias a créé historiquement de la brutalité, plusieurs types de discrimination comme le chômage, le harcèlement psychologique au travail, la violence professionnelle, etc. En somme, la propagation et la propagande des images négatives des Afro-Antillais ont eu des conséquences particulièrement sur leurs droits socio-économiques et politiques.
Historiquement, les Noirs ont souvent été invisibilisés dans les médias où ils ont été représentés de manière questionnable. En sus, il arrive fréquemment que les films véhiculant des clichés soient traduits en plusieurs langues dans le but de faire de la propagande. Même si depuis longtemps on sait que la race est une construction sociale et non une réalité biologique, les a priori demeurent malheureusement tenaces.
Madame Jacques nous a répondu de manière poétique et philosophique au courant de l’entretien. Nous lui avons demandé, dans un premier temps, de se présenter. Elle s’identifie en tant que cinéaste engagée et philanthrope. Elle est née en Haïti tel qu’indiqué ci-dessus et a grandi à Montréal. Elle a débuté en tant que comédienne dans le monde théâtral.
Durant notre échange, elle a partagé avec nous le regard qu’elle porte sur son film. La documentariste vise à unifier et célébrer nos racines communes via sa docufiction. Il s’avère crucial pour madame Jacques de rétablir la vérité historique et surtout de fédérer les différents peuples. Selon elle, l’Afrique représente le berceau appelant à la liberté, au dialogue et à l’amour universel. Pour elle, l’Afrique symbolise l’essence de l’humanité. D’après la productrice, le titre de son documentaire consiste en un manifeste audacieux affirmant sa place centrale dans l’histoire des civilisations modernes.
![]() Nous lui avons demandé si elle avait l’intention plus tard de faire le test ADN afin d’en savoir davantage sur ses ancêtres et de connaître leur nationalité. Nous avons appris qu’elle a fait deux fois cette démarche. Cela lui a permis d’approfondir sa connexion personnelle et d’incarner cette quête universelle des racines humanitaires. Nous voulions savoir comment madame Jacques se définit au niveau identitaire. Elle se perçoit en tant qu’humaniste universelle profondément ancrée dans l’héritage africain. Elle considère son film comme un unificateur et catalyseur de dialogues reflétant sa vision d’un cinéma au service de l’amour et de la réconciliation. Des années de recherche rigoureuse ont été nécessaires pour la réalisation de son documentaire. Elle a partagé avec nous que des obstacles majeurs, notamment au niveau financier, se sont présentés. Elle a réussi à les surmonter grâce à sa conviction inébranlable. Nous étions curieux de savoir sur quels critères elle s’est basée pour choisir les intervenants qui apparaissent dans son film. La réalisatrice les a choisis selon leur expertise au niveau de leurs connaissances historiques, sociologiques, anthropologiques, etc. Il importait donc pour elle de trouver des spécialistes en mesure d’enrichir le message du documentaire tout en privilégiant l’apport de contenu crédible et inspirant par le biais de leur chorus.
Nous souhaitions connaître son ressenti lorsqu’elle s’est retrouvée à la Porte du non-retour sur l’Île de Gorée au Sénégal. Elle a éprouvé des émotions profondes, un mélange de douleur et de résilience. Ceci a renforcé sa détermination afin d’œuvrer pour l’unité et la guérison du passé. Après le tournage, elle a ressenti un plus grand besoin de partager son film avec le plus de personnes possible. Il importe de souligner qu’on a créé, avec la collaboration de l’UNESCO, un mémorial mondial de la traite négrière au Sénégal plus précisément à Gorée. L’île est devenue un centre de pèlerinage que certains nomment « La Mecque de l’esclavage ». Dès le XVIième siècle, le Sénégal représentait un important centre commercial se situant entre trois civilisations : africaine, européenne et arabe. Bien que je n’aie pas visité l’île de Gorée, j’ai une idée concrète de la lourdeur des chaînes que mes ancêtres ont portées car j’en ai levées dans un musée afro-américain que j’ai visité et je n’oublierai jamais cette expérience. Il est troublant et poignant de voir la protagoniste du documentaire à la maison des esclaves au Sénégal.
Durant l’entretien, madame Jacques nous a fait savoir que son documentaire a été très bien accueilli notamment en Afrique, en Grèce, en Bolivie, en Inde et au Mexique. Le public a exprimé de la fierté et de l’émotion. Au Québec, plus précisément à Sainte-Foy, son film a été à l’affiche au Clap. Les auditeurs de ce cinéma étaient contents de découvrir son documentaire grâce à la compagnie québécoise de distribution K-Films Amérique. La documentariste souhaitait que son film devienne un incroyable outil de réappropriation historique notamment, pour la jeunesse qui a bien reçu son film selon ses observations et les commentaires exprimés par cette tranche de la population.
![]() Nous voulions savoir qui parmi les figures afro-antillaises vivantes ou décédées l’inspiraient. Nous avons appris que madame Jacques admire le feu docte Cheikh Anta Diop. Elle a également nommé Nelson Mandela et Anténor Firmin parler de son livre classique De l’égalité des races humaines. Ces hommes l’impressionnent en raison de leurs quêtes de vérité, leur résilience et leur vision fédératrice. Nous souhaitions aussi savoir si elle estime avoir une responsabilité sociale en tant qu’actrice, réalisatrice et productrice. Elle a répondu par l’affirmative car elle considère le cinéma comme un puissant outil de transformation sociale. Il importe pour elle de s’engager à utiliser cet instrument pour éduquer, inspirer et promouvoir des valeurs positives. Nous étions curieux de savoir ce qu’elle souhaite pour le futur en ce qui a trait à la représentation des Noirs dans les médias. Elle a partagé avec nous vouloir assister à une représentation juste, diverse et nuancée. Ceci nous paraît vraiment intéressant comme réflexion, car trop souvent les Noirs sont présentés de façon stéréotypée et homogène. D’ailleurs, elle a mentionné souhaiter voir des Noirs loin des clichés avec des créateurs afro-antillais narrant leurs propres histoires complexes. En d’autres mots, elle veut qu’ils aient plus de voix. Nous voulions prendre connaissance de ses films phares. Elle a nommé La Couleur pourpre car la résilience féminine des protagonistes l’a touchée. Elle a beaucoup aimé également Invictus pour le message de pardon et d’unité de Nelson Mandela. Pour elle, ces œuvres cinématographiques résonnent profondément avec ses valeurs.
Au courant de l’entrevue, nous voulions savoir quels seraient ses prochains projets. Elle a l’intention de continuer à explorer les liens entre les civilisations, l’apport du continent africain au monde, toujours dans le but d’éclairer et d’inspirer.
Nous souhaitions prendre connaissance des obstacles qu’elle a rencontrés en tant que productrice et réalisatrice. Elle nous a appris qu’elle a dû faire face au sexisme. Cela ne nous a pas surpris car peu de femmes occupent ces fonctions. Par exemple, à Hollywood, on retrouve uniquement environ 12% de réalisatrices pour les films ayant des gros budgets. La perspective féministe est donc nettement sous-représentée. Madame Jacques estime avoir surmonté ses obstacles financiers grâce à une persévérance inébranlable en créant ses propres opportunités. En d’autres mots, elle a dû faire preuve de débrouillardise. En sus, nous avons cherché à connaître les conseils qu’elle aimerait donner aux femmes et jeunes (qui sont aussi sous-représentés) désirant suivre sa voie derrière les caméras. Elle croit qu’il importe d’être audacieux, d’oser raconter ses histoires tout en n’abandonnant jamais. Elle pense aussi qu’ils doivent créer leurs propres opportunités. Elle propose également la création de politiques de diversité plus robustes, des programmes de mentorat tout en facilitant l’accès. Madame Jacques croit que l’industrie doit s’engager à mettre en place un environnement plus équitable et solidaire.
En résumé, Madame Jacques porte plusieurs chapeaux: elle est une mère de trois enfants, épouse, fille, réalisatrice, productrice, documentariste, actrice et scénariste. Elle siège à l’Alliance Socioculturelle et d'Aide Pédagogique (ASAP). Elle se définit comme une cinéaste engagée et philanthrope.
Elle s’implique de manière active dans diverses productions théâtrales et cinématographiques comme « L'Auberge du chien noir », « 30 Vies », « Rupture » et « l'Innocence».
Madame Jacques s’intéresse à plusieurs choses. Mis à part le domaine audiovisuel, elle pratique la danse, le tennis, le jogging et la méditation. Vivre et laisser vivre, mon cœur connaît le chemin, la peur représente le plus grand handicap, à force de creuser, on finit par trouver, en créole : Depi tèt pa coupe ou gen espwa mete chapo (en français en autant que la tête n’a pas été coupée, on a toujours l’espoir de mettre un chapeau), tout est possible mais rien n’est gratuit, visons le meilleur font partie de ses citations phares.
Madame Jacques considère que son documentaire est bien plus qu’une œuvre cinématographique. Pour elle, il s’agit d’un appel et d’un dialogue entre les peuples avec un respect mutuel. Elle croit profondément qu’afin de bien se projeter dans l’avenir et de propager l’amour entre les peuples, il faut revendiquer notre part d’Afrique, le berceau de l’humanité commune. Via cette vision et conviction, elle propose de partager ses réflexions avec autrui. Le film se veut instructif. Le documentaire mérite de trouver un public international. Le film a été un véritable coup de cœur pour moi et je suis certaine qu’il le deviendra pour bien d’autres. Le documentaire détient tous les atouts pour séduire le public mondial.
Plusieurs sujets sont traités dans le documentaire: la période précoloniale de l’Afrique, l’ère coloniale et post-coloniale, la contribution des grands penseurs africains tels que le savant Cheikh Anta Diop, etc. Il importe de souligner que des extraits d’entrevue du docte Diop ont été intégrés dans le film.
Tel que mentionné, le documentaire dénonce l’eurocentrisme. Plusieurs dispositifs ont été mis en place pour dénigrer la race noire à travers diverses époques. Par exemple, on a créé un zoo humain pour exhiber en Europe Saartjie Baartman alias Vénus Hottentote au 19ème.
![]() Birth of a Nation (1915) fut le premier blockbuster américain qui a servi de recrutement au KKK. Il s’agissait d’un film raciste de propagande acclamé et diffusé entre autres à la Maison-Blanche. Le long métrage avait été approuvé par le président de l’époque, le vingt-huitième de la république, Woodrow Wilson. Une réponse des Afro-Américains par le cinéaste Oscar Micheaux Within our Gates (1920) a été produite.
On retrouve dans le documentaire des informations sur l’Afrique précoloniale. L’histoire et l’éducation enseignées sont souvent politiques. La contribution de plusieurs groupes est occultée, comme celle des femmes. L’histoire officielle est souvent narrée et écrite par les vainqueurs. Heureusement, maintenant nous vivons à l’ère de l’information, nous permettant d’avoir accès au savoir comme jamais auparavant, et tout le monde peut s’exprimer en ayant accès à une plateforme numérique. Nous ne sommes plus à la merci d’intellectuels malhonnêtes.
Il existe diverses façons de montrer une autre image des Noirs dans les médias. Par exemple, présentement le dentiste Dr Jordan Brown est souvent montré dans l’annonce publicitaire Sensodyne en anglais et traduite en français. On a l’émission Equal Justice avec la juge afro-américaine Eboni W. Williams (la juge la plus jeune de l’Amérique à avoir son programme en ondes en 2023) et le programme Judge Faith avec la juge Faith Jenkins. En invitant des experts noirs sur les plateaux de télévision comme la gynécologue et obstétricienne Dr Amina Yamgnane dans l’émission française Ça commence aujourd’hui cela représente d’excellentes initiatives. En d’autres mots, il importe de ne pas inviter des Afro-Antillais dans les médias seulement pour qu’ils se prononcent sur des questions raciales. Écrire des livres sur la contribution des Afro-Antillais comme Le Gotha noir d’Europe, Ces Québécois venus d’Haïti, Who's Who Among African-Americans (qui concerne au gotha afro-américain), 100 Accomplished Black Canadian Women (en français: Les 100 femmes noires canadiennes accomplies) et Who’s Who in Black Canada (qui concerne l’élite noire canadienne) évoque d’autres manières de montrer des portraits différents des Noirs. On peut produire des vidéos comme: 10 African Things The Western Media Will Never Show You in The Continent, etc.
Aucun peuple n’a l’autorité au niveau de la beauté, de l’intelligence, etc. Pourtant, nous vivons dans un monde qui a créé des hiérarchies culturelles et ainsi de suite. Cela a occasionné bien des dégâts. De nombreuses connotations négatives ont été historiquement attribuées aux Noirs, ce qui a engendré particulièrement de l’assujettissement, de l’exploitation, de la discrimination et de l’oppression au niveau économique, social, etc.
Bien qu’on ne puisse excuser la violence policière envers les Noirs exposée dans le film de madame Jacques, si les médias véhiculaient une image beaucoup plus nuancée, cela donnerait une idée plus réaliste de la situation, ce qui éviterait de nourrir des préjugés. Les problèmes de représentation des Noirs se situent à plusieurs niveaux et malencontreusement certains Noirs participent à la propagation des stéréotypes pour des raisons opportunistes, mercantiles, d’intériorisation, etc. idem dans le domaine de la musique et ainsi de suite. Il y a beaucoup de chemin et de conscientisation à faire pour être à la hauteur. Une transformation profonde s’impose. Au niveau du genre, on observe aussi des problèmes. Par exemple, il y a des femmes et des hommes qui ont intériorisé le patriarcat, le sexisme et/ou la misogynie et qui font ou s’impliquent dans des productions audio-visuelles questionnables. Ces tendances sont dangereuses car elles sont susceptibles de créer un effet d’entraînement. Le misogynoirisme existe dans les faits et les images véhiculées concernant les Afro-Antillaises sont malheureusement courantes. Ces instruments de contrôle social sont utilisés afin de façonner une vision erronée des groupes dits minoritaires.
On apprend dans le film que Sarkozy s’est sauvé après son tristement célèbre discours pour ne pas entendre une réponse. Ceci a été rapporté par un professeur sénégalais qui était présent. L’histoire du peuple noir a été gommée par le biais de techniques de manipulation et de domination depuis des siècles. Cela fait partie des raisons pour lesquelles le chef d’état français s’est permis de prononcer son discours.
Les Africains ont donné leur réponse via le livre intitulé L'Afrique répond à Sarkozy: contre le discours de Dakar puisque le film parle du discours paternaliste, raciste et néocolonialiste que Sarkozy avait prononcé à Dakar en 2007 à l’Université Cheikh Anta Diop en mentionnant que l’Afrique n‘est pas rentrée dans l’histoire. Il s’agissait de sa première visite en Afrique subsaharienne. Le documentaire montre que ce type de discours n’est pas nouveau car il est question d’une actualisation de ce qui a été rapporté auparavant par certains pseudo-intellectuels cités dans la docufiction. Sarkozy ignore certainement comme beaucoup d’autres que le Nigérian mathématicien-informaticien Dr Philip Emeagwali (QI: 190) est considéré comme le père de l’Internet. Il a été cité comme étant un grand cerveau par Bill Clinton dans l’un de ses discours: https://www.youtube.com/watch?v=6kF3UTxmjuU. Heureusement, maintenant nous vivons à une ère permettant à tout le monde d’avoir une plateforme et de dénoncer les malhonnêtetés intellectuelles tout en ayant accès à une information diversifiée comme jamais auparavant.
Picasso s’est indéniablement inspiré de l’art africain via le cubisme. Matisse et Modigliani ont aussi été influencés par l’Afrique. Ceci est reconnu à travers le monde. Par exemple, le Musée du Québec, il y a quelques années, a fait un vernissage mettant à l’honneur cet héritage. L’existence des pyramides et des momies en Égypte prouvent que le continent détenait un savoir scientifique avancé depuis des millénaires. Tous ces points et bien d’autres démontrent que l’Afrique est bien rentrée dans l’histoire.
Bénita Jacques est une actrice, scénariste, réalisatrice et productrice primée, reconnue pour son film "L'Afrique, berceau des civilisations modernes". Ce film a été sélectionné 38 fois et primé 16 fois dans des festivals prestigieux à travers le monde. En tant qu'actrice, Bénita a interprété des rôles dans par exemple "Jeunesse dans l’ombre", "Gason Makoklen", "Storylive", "Ruptures" et "Mémoires Vives". Son travail soutient la culture et l'éducation, vivifiant les jeunes artistes à travers le monde. Sa démarche professionnelle est nettement inclusive. Madame Jacques croit en la capacité de l'art à unir les cultures et à déceler de nouveaux talents, peu importe leur origine ou leur âge. Ses œuvres audiovisuelles montrent la richesse de notre diversité socioculturelle, donnant la possibilité à chacun de s’identifier et de dialoguer. Elle tient à utiliser son art afin d’instruire et de conscientiser, en offrant des modèles de réussite accessibles aux jeunes. Participant à des initiatives socioculturelles et éducatives, madame Jacques valorise les communautés culturelles et souhaite rendre le théâtre et le cinéma accessibles à tous. Son film "L'Afrique, Berceau de l'Humanité et des Civilisations Modernes" vise à favoriser une vision positive de l'Afrique.
[Le documentaire sera présenté le 25 septembre prochain à la Maison de la culture CDN (5290, chemin de la Côte-des-Neiges Montréal, QC H3T 1Y2) à 18h dans le cadre du Montreal Black Film Festival https://montrealblackfilm.com/movie/lafrique-berceau-de-lhumanite-et-des-civilisations-modernes-africa-cradle-of-humanity-and-modern-civilizations/]
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Contacts de la réalisatrice:
* Facebook: BENITA_JACQUES_OFFICIAL https://www.facebook.com/benita.jacques?mibextid=LQQJ4d
* Instagram : BENITAJACQUESOFFICIAL
* TikTok : BENITA_JACQUES_OFFICIAL
* YouTube : BENITA_JACQUES
Site web de sa société de production: www.ZenQueenMediaProduction.com
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1 L’homme le plus riche de son époque, Mansa Moussa, est mentionné dans le film. Il a financé la première université mondiale à l’intérieur de son pays. Il s’agit de l’université de Sankoré de Tombouctou. Ainsi, plusieurs empires ont existé sur le continent, dont celui du Mali. |