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Entrevue exclusive Avec Le Directeur Général Du Restaurant O. Noir : Ian Martinez PDF Print E-mail
Written by Patricia Turnier   
Sunday, 21 February 2010 21:31

O.  Noir a pignon sur la rue Sainte-Catherine du centre-ville de Montréal depuis 2006.  Il s’agit du premier restaurant de ce genre ouvert au Canada.  On y mange dans la noirceur totale ce qui permet d’éveiller tous nos sens (notamment l’ouïe) et de comprendre le vécu des individus présentant une cécité.  Les dimanches, on a le plaisir d’entendre le groupe Les Ombres composé de musiciens non-voyants et d’une cantatrice mystère. Il importe de noter qu’O. Noir possède une vocation sociale à savoir qu’il donne l’opportunité aux non-voyants et aux mal-voyants d’occuper un emploi (70% de cette population au Québec est au chômage).  5% des bénéfices de cet établissement vont aux associations locales aidant les individus ayant une cécité ou toutes personnes présentant un déficit visuel.  Le concept de ce restaurant a fait fureur ailleurs dans le monde par exemple à Hollywood, en Australie, en Europe.  Au Québec, O.  Noir a été finaliste en 2008 pour le Grand prix de l’entrepreneur d’Ernst & Young. A cet égard, chers lecteurs, nous sommes allés à la rencontre de monsieur  Ian  Martinez, directeur général du restaurant O. Noir le 14 septembre 2009 qui a partagé avec nous les secrets du succès de son entreprise d’où le concept a pris naissance en Europe en 1999. L’entretien a eu lieu près d’une photo du film américain Scent of a woman mise en exergue et annonçant brillamment les couleurs du restaurant.  Propos recueillis par Patricia Turnier, rédactrice en chef de Méga Diversité.

PT :  Monsieur Martinez, expliquez-nous l’historique du restaurant et son concept qui a pris naissance en Europe.  Dites-nous aussi comment tout a débuté au Canada.


YM  Tout a commencé en Suisse depuis plus de dix ans avec Jorge Spielmann, un pasteur de Zurich atteint de cécité.  Il adorait cuisiner et lorsqu’il recevait ses amis il aimait leur bander les yeux afin qu’ils puissent mieux saisir sa réalité.  Ses copains mangeaient ainsi dans la noirceur.  C’est de cette façon que le concept a pris naissance et que monsieur Spielmann a développé l’idée d’ouvrir un restaurant en Suisse en 1999.  Nous avons donc repris le concept de cet établissement en travaillant en partenariat avec Mohamed Alameddine pour ouvrir le premier restaurant de ce genre au Canada, ici au centre-ville de Montréal.  Les débuts n’ont pas été faciles mais dans l’ensemble l’expérience a été très positive.  Ce mois-ci, nous sommes ouverts depuis exactement trois ans. 

P.T.  Dans combien de pays retrouve-t-on actuellement le restaurant O.  Noir?

YM .  Présentement, le restaurant O.  Noir a pignon sur rue seulement au Canada, à Montréal et à Toronto.  Le même concept de notre établissement existe sous d’autres appellations.  On les retrouve dans huit pays : Angleterre (Londres), Pays-Bas (en Hollande), Etats-Unis (Hollywood), Belgique (Bruxelles), Australie, France (Paris), Russie (Moscou), Suisse.  Pour apporter plus de précisions, la chaîne européenne du restaurant s’appelle Dans le noir excepté celui qui est en Suisse.  Le nom du restaurant dans ce pays est Blindekuh qui signifie en suisse-allemand « vache aveugle ».

PT :  Quel est le secret du succès de votre restaurant?

YM.  D’après moi,  c’est le fait d’avoir développé un concept unique, novateur et original qui n’existe nulle part ailleurs dans le domaine de la restauration.  Il s’agit d’une belle cause sociale et l’expérience de manger dans le noir permet aux gens d’avoir de l’empathie ainsi que de prendre davantage conscience de ce que cela signifie de vivre avec un handicap.  J’ajouterais que de nombreux couples viennent ici.  Ils trouvent romantique de s’entretenir dans le noir (rires).  D’autres individus viennent pour diverses célébrations.  De façon générale, ils vivent une très belle expérience ici.  Nous recevons une clientèle éclectique et de tous les âges.  Le nombre peut aller jusqu’à 150 par jour notamment les fins de semaine.

PT :  Quels sont les plats les plus populaires parmi votre clientèle?


YM :  Je dirais que ce sont nos plats surprises qui ont la cote.   Je ne peux évidemment pas révéler de quoi il s’agit (rires).  Ces plats sont très populaires et cela démontre que notre clientèle est ouverte à la nouveauté.  Par contre, on s’assure de s’informer si nos clients n’ont pas d’allergie ou des contre-indications liées à leur condition de santé.

PT :  Une nouvelle franchise vient d’ouvrir à Toronto.  Pouvez-vous nous en parler et avez-vous l’intention à long terme d’ouvrir un restaurant O. Noir dans l’ensemble des métropoles canadiennes?

YM .  La franchise en Ontario a été mise sur pied en collaboration avec monsieur Alameddine.  Le restaurant est ouvert à Toronto depuis le 24 juin dernier et cela fonctionne très bien.  Il ne faut pas oublier qu’il s’agit de la principale agglomération du Canada.  Il est très stratégique d’avoir notre franchise au centre financier, commercial et industriel du pays.  De cette façon, on se concentre sur Toronto, ville cosmopolite et ayant un grand marché.  Nous avons constaté que les citoyens de cette ville sont intéressés à essayer un concept novateur comme le nôtre.  A long terme, nous souhaitons nous implanter dans les autres principales villes du Canada.

PT : Il est connu que l’industrie de la restauration n’est pas aisée.  Avez-vous eu des obstacles et si oui, comment les avez-vous surmontés?

YM  Nous avons rencontré les mêmes problèmes que vivent les autres restaurants :  au niveau de la logistique, etc.  Nous avons travaillé en collaboration avec l’organisme sans but lucratif SEMO horizon-travail (affilié à Emploi Québec) qui nous a donné un grand soutien particulièrement au niveau du recrutement des serveurs non-voyants.  On a dû mettre en place un système assurant la sécurité de nos employés, l’implantation d’un plan organisationnel efficient et un efficace service à la clientèle.  Une minorité de nos effectifs présente un handicap visuel total.  Les autres ont un handicap visuel à des degrés variables.  Il importait donc de garantir l’adaptation du milieu afin de faciliter leur travail tout en prodiguant des services de qualité à la clientèle.

P.T. Quels conseils auriez-vous à donner aux handicapés qui sont intéressés au domaine entrepreneurial de façon générale et plus spécifiquement concernant l’industrie de la restauration?

YM.  Il s’avère très difficile de commencer une entreprise de tout type.  Il faut étudier le marché en prospectant par exemple les diverses affaires commerciales  en Europe qui ont été développées au niveau sensoriel.  Il importe ainsi de se chercher des partenaires (tels que le SEMO horizon-travail, OPHQ, etc) ou des gens chevronnés qui sont en mesure de donner du soutien.  Des mentors peuvent représenter des personnes clés pour établir des partenariats d’affaires facilitant le démarrage d’entreprises.  L’insertion des handicapés sur le marché du travail leur permet de se prendre en main; elle favorise leur bien-être et celui de notre collectivité.  Ceci représente une richesse pour notre société et aide à diminuer le taux de chômage au sein de cette fraction de la population.

Merci monsieur Martinez pour nous avoir accordé cette belle entrevue!

 

 


 

 

 

Restaurant O. Noir

1631, Saint-Catherine Ouest
514-937-9727
H3H 1L8
Canada

620 Church Street
Toronto, Ontario
M4Y 2G2
Canada

Tel.: 416-922-NOIR (6647)
Fax: 416-926-0440

http://www.onoir.com/