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- Critique du livre: Petit manuel du travail autonome
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Critique du livre: Petit manuel du travail autonome |
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Written by Patricia Turnier |
Saturday, 08 March 2025 20:11 |
Cet ouvrage écrit par deux journalistes donne une idée concrète de ce que cela implique d’être un travailleur autonome au Québec: l'obtention du love money, etc. On a recueilli les propos de certaines personnes qui ont réussi dans ce domaine comme l’auteure India Desjardins et la nutritionniste Dr Isabelle Huot. On y retrouve entre autres des informations précieuses sur les éléments (fournis par une courtière immobilière interrogée pour le livre) à connaître au sujet des prêts hypothécaires concernant les travailleurs autonomes, les pièges et erreurs à éviter, etc. Ce livre peut être très utile pour quelqu’un qui réfléchit s’il est mieux de rester un salarié ou se lancer en tant que travailleur autonome car il présente les avantages (par exemple, on n’a pas besoin de demander la permission au patron pour prendre des vacances, on ne fait pas face à un plafond de verre, etc.) et inconvénients (par exemple, on doit être bien organisé financièrement car on n’est pas payé durant les vacances) du travail autonome parmi d’autres facteurs importants à prendre en considération. Tous ces points doivent être évalués sérieusement, et il importe de pouvoir faire une introspection. Le livre incite les intéressés à se poser les bonnes questions: Suis-je assez auto-discipliné et rigoureux? Ai-je besoin d’encadrement ou pas pour concrétiser les tâches? Ai-je les compétences pour savoir dénicher les bons contrats? Comment je gère et vis les imprévus au niveau financier, etc.? Serai-je capable de ne pas recevoir un salaire de façon régulière? Comment je fais face à ce type d’incertitude? Suis-je apte à gérer les aléas sereinement? Suis-je capable de mettre en place une discipline de travail qui me convient? Suis-je à l’aise avec le cadre que j’ai créé? Arriverai-je à me détacher mentalement de mon travail à domicile une fois que ma journée professionnelle se termine? Suis-je autonome pour la tenue de livre et l’organisation des finances, ou aurai-je besoin d’un comptable, etc.? Est-ce que je maîtrise les logiciels comme Excel ou faudra-t-il que je délègue les tâches administratives? Suis-je suffisamment sociable pour bâtir une clientèle fidèle? Serais-je capable de gérer, sur le plan mental, la solitude que le travail à domicile peut occasionner? Pourrais-je assumer la mince frontière entre l’espace de vie professionnelle et personnelle en travaillant à domicile? Suis-je à l’aise avec les risques? Ma famille sera-t-elle confortable de voir mes clients chez nous? Serais-je capable adéquatement de demander à mes enfants de ne pas me déranger durant mes heures de travail à la maison? En d’autres mots, pourront-ils respecter mon horaire de travail? Aurai-je tendance à être distrait par l’accomplissement d’autres tâches qui ne sont pas en lien avec mes activités professionnelles? Mes épaules sont-elles assez larges pour assumer les responsabilités du travail autonome? Serai-je en mesure de gérer le stress que cela peut occasionner? Toutes ces interrogations fort pertinentes sont abordées dans l’ouvrage. À cet égard, une auto-évaluation honnête et objective s’impose. Le livre est agréable à lire, on y retrouve même un peu d’humour. On présente les divers mythes reliés au travail autonome. Dans le processus de réflexion, il importe de cibler les domaines les plus propices pour l’entrepreneurship tout en se demandant s’ils correspondent à nos intérêts et compétences. On doit savoir si on est auto-discipliné ou pas, car on n’a pas la pression d’un patron pour accomplir les tâches en tant que travailleur autonome. Il importe de savoir pouvoir gérer les incertitudes et les écueils. On doit être structuré et organisé. Il faut aussi avoir de la détermination et une motivation intrinsèque, y compris de l’audace ainsi que du courage. On doit effectuer une étude du marché avant de se lancer dans un champ particulier et savoir si on sera en compétition avec des gros joueurs ou pas. Il importe aussi de savoir se vendre pour attirer les clients. Tel que mentionné, les autrices ont interrogé des gens de domaines divers afin de mieux cerner la réalité des travailleurs autonomes. Par exemple, on apprend le concept de gradualisme (d’un spécialiste des HEC) qui consiste à garder son emploi en attendant que notre travail autonome devienne rentable. Le sujet du travail autonome demeurera toujours d’actualité et il serait à propos de faire une nouvelle édition où l’on traiterait du télétravail. Il serait bien de savoir si généralement les travailleurs autonomes québécois sont en meilleure santé physique et/ou psychologique ou pas? Est-ce qu’il y a plus de burn-out parmi eux ou moins? Vivent-ils moins de stress généralement? Est-ce qu’ils arrivent à mieux concilier l’aspect professionnel et familial ou pas? Y a-t-il une différence entre les genres au niveau de cette perception? Quelles sont les difficultés rencontrées selon le genre? Est-ce qu’il y a des divergences entre les sexes et les classes sociales? Il serait aussi propice de savoir ce qui en est des travailleurs autonomes qui ont décidé de redevenir des salariés. Quelles ont été les difficultés rencontrées, etc.? Quelles leçons en ont-ils tirées? Ce serait utile dans une prochaine édition, qu'on ait des informations sur le profil type des travailleurs autonomes (incluant des statistiques car le livre est essentiellement de nature qualitative), à savoir par exemple: s’agissait-il d’un choix pour la majorité ou cela s'est imposé suite à un licenciement ou une insatisfaction professionnelle? Quel est le taux d’échec et de succès chez les travailleurs autonomes québécois? Arrivent-ils aisément à avoir un prêt bancaire ou la plupart du temps ils doivent compter sur leurs économies durant leurs débuts? Est-ce plus facile pour les plus jeunes ou les plus vieux de réussir et pourquoi? Vu que certains travailleurs âgés subissent de l’âgisme, la voie du travail autonome est-elle plus intéressante pour eux? Qu’en est-il de la retraite? A-t-on généralement une retraite plus confortable en tant qu’ex-salarié ou comme ex-travailleur autonome? L’âge du début de la retraite est-il sensiblement le même ou y a-t-il un écart important entre les deux catégories? Quelles sont les caractéristiques des travailleurs autonomes qui réussissent? Ils exercent surtout dans quels domaines? Possèdent-ils davantage le sens des responsabilités, sont-ils plus indépendants et/ou plus créatifs? Avaient-ils déjà l'esprit d'intrapreneurship lorsqu'ils étaient salariés avant de devenir des travailleurs autonomes? Sont-ils issus de familles entrepreneuriales qui leur ont transmis un savoir-faire précieux (par exemple, l’élaboration d’un excellent plan d’affaires, etc.)? En lisant l’ouvrage, on sait que cela aide d’avoir travaillé dans le domaine que l’on convoite car on prend de l’expérience. Ce fut d’ailleurs le cas d’un architecte qui a été interviewé pour le livre. En parcourant le livre, on réalise qu’un travailleur autonome doit se faire confiance. Cela fut le cas de la romancière québécoise India Desjardins qui a refusé des bons contrats et une sécurité d’emploi à un moment où sa carrière en tant qu’auteure n’avait pas encore commencé. Elle était prête à sauter dans le vide. Le livre traite également de ce qui marche ou pas sur Internet pour les travailleurs autonomes. On trouve dans l’ouvrage des astuces concernant cela ainsi que des suggestions au niveau de l’aspect ergonomique. Les auteures donnent des informations sur les aspects financiers devant être considérés par les travailleurs autonomes (par exemple les dépenses déductibles au niveau des impôts) en ayant consulté un comptable agréé et fiscaliste. On retrouve dans le bouquin des moyens pour accomplir les tâches dans les délais et une multitude d’autres renseignements inestimables. En guise de conclusion, le livre traite des travailleurs autonomes issus de divers domaines: le champ artistique, littéraire, immobilier, etc. On y retrouve les aspects les plus importants à prendre en considération comme les types d’assurances requises, la prévision d’un fonds d’urgence, etc. Il aurait été intéressant d’avoir des informations sur les congés de maternité et de paternité concernant les travailleurs autonomes, et de sonder auprès de jeunes parents s’il est plus avantageux ou pas de devenir travailleurs autonomes lorsque l’on a déjà fondé sa famille. Est-ce que ce sont les célibataires qui réussissent plus facilement sans enfants ou ceux qui sont en couple avec ou sans enfants? Il serait bien, dans une nouvelle édition, d’obtenir des informations sur le télétravail chez les travailleurs autonomes notamment les avantages et désavantages décelés, vu que l’ouvrage a été écrit quelques années avant la pandémie. Comme cela a été écrit, les auteures ont surtout choisi des travailleurs autonomes qui ont principalement réussi dans divers domaines, ce qui fait la force du livre. Les lecteurs peuvent donc apprendre de leurs expériences et davantage avoir l’heure juste. Les autrices encouragent d’ailleurs les actuels et futurs travailleurs autonomes à bénéficier du mentorat car un accompagnement facilitera l’adaptation et la réussite. À la fin du livre, on trouve un résumé professionnel de l’ensemble des personnes interrogées, ce qui permet de cibler rapidement les domaines que les lecteurs privilégient. L’ouvrage se termine avec une suggestion de lectures donnant la possibilité de pousser plus loin la réflexion et la recherche.
Le livre est disponible sur amazon.ca et .fr |